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[escalier]
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zontales, est supporté par une double arcature à jour fort riche, dont les colonnes diminuent suivant l’élévation des degrés[1].

La plupart des grand’salles des châteaux étaient situées au premier étage, et on y montait soit par de larges perrons, soit par des rampes droites couvertes, accolées ou perpendiculaires à ces salles.

La grand’salle du château de Montargis, qui datait de la seconde moitié du XIIIe siècle, possédait un escalier à trois rampes avec galerie de communication portée sur des arcs (voy. Château, fig. 15). Cet escalier était disposé de telle façon que, de la grand’salle A (voy. le plan fig. 2), on pouvait descendre sur l’aire de la cour par les trois degrés BCD. Il était couvert par des combles en bois posant sur des colonnes et piliers en pierre[2]. On appelait, dans les palais, ces sortes d’escaliers le degré, par excellence. La rampe avait nom épuiement[3] :

« El palès vint, l’épuiement
De sanc le truva tut sanglant. »

Les couvertures de ces rampes droites étaient ou en bois, comme à Canterbury et à Montargis, ou voûtées, comme, beaucoup plus tard, à la Chambre des comptes et à la Sainte-Chapelle de Paris. Ces deux derniers degrés montaient le long du bâtiment. Celui de la Chambre des comptes, élevée sous Louis XII, était un chef-d’œuvre d’élégance ; il aboutissait à une loge A s’ouvrant sur les appartements (fig. 3, voy. le plan). Cette loge et le porche B étaient voûtés ; la rampe était couverte par un lambris. Sur la face du porche, on voyait, en bas-relief, un écu couronné aux armes de France, ayant pour supports deux cerfs ailés, la couronne passée au cou et le tabar du héraut d’armes de France déployé au dos. Sous l’écu, un porc-épic surmonté d’une couronne, avec cette légende au bas :

« Regia Francorum probitas Ludovicus, honesti
Cultor, et æthereæ religionis apex. »


Le tout sur un semis de fleurs de lis et de dauphins couronnés. Le semis de fleurs de lis était sculpté aussi sur les tympans des arcs et sur les pilastres. La balustrade pleine présentait, en bas-relief, des L passant à travers des couronnes, puis des dauphins[4].

Pour monter sur les chemins de ronde des fortifications, on établissait, dès le XIIe siècle, de longues rampes droites le long des courtilles, avec parapet au sommet. Les marches reposaient alors sur des arcs et se profilaient toujours à l’extérieur, ce qui permettait de donner plus de

  1. Voy. Some account of Domest. Archit. in England, from the conquest to the end of the thirteenth century, by T. Hudson Turner. J. Parker, Oxford, 1851.
  2. Voy. Du Cerceau, Des plus excellens bastimens de Frane.
  3. Lai d’Ywenec ; poésies de Marie de France, XIIIe siècle.
  4. Voy. Topog. de la France ; Bib. imp.