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ceux des villes du Haouran, tandis qu’il rappelle certains chapiteaux du grand portique de l’île de Philæ, qui, comme on sait, n’est pas antérieur à l’époque des Ptolémées. Les chrétiens d’Occident avaient-ils vu dans la basse Égypte, ou sur les confins de la Syrie, des chapiteaux analogues ? C’est ce que nous ne pourrions dire. Il faut encore remarquer que les chapiteaux du grand portique de l’île de Philæ sont tous variés de formes, usage assez répandu dans quelques édifices de la même époque, mais contraire aux principes de la bonne antiquité égyptienne. Cette variété se retrouve plus marquée dans les chapiteaux de nos monuments datant du milieu du XIIe siècle que dans ceux d’une époque antérieure.


Les chapiteaux de l’église de Suger diffèrent entre eux non-seulement par les détails, mais aussi par les formes générales, fait qui ne se retrouve ni au commencement ni à la fin du XIIe siècle. Nous ajouterons que tous les chapiteaux du collatéral de l’abside bâtie par Suger ne rappellent pas d’une façon aussi nette certains chapiteaux égyptiens des Ptolémées. La plupart ressemblent plutôt à la sculpture dentelée des gréco-romains ; un seul est déjà muni de crochets à larges et grasses tiges. Quelques-uns entremêlent des animaux dans leurs feuillages. Il y a donc alors, dans les provinces royales, vers le milieu du XIIe siècle, tâtonnements ; les sculpteurs prennent un peu partout, en Syrie, en Égypte peut-être, dans les édifices gallo-romains ; ils ont aussi recours à leur inspiration et à l’étude de la flore.

Il est un autre monument qui, par sa sculpture, mérite toute notre