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quatrième étage, ainsi que le fait voir notre figure, et étaient déposées sur le plancher supérieur mis en communication avec les hourds au moyen des créneaux couverts. Les hourds tracés en G expliquent le système des défenses de bois posées en temps de guerre sur les corbeaux à demeure de pierre, C. Le niveau du chemin de ronde des courtines se trouvant en R, on voit que le commandement de la tour sur ce chemin de ronde était moins considérable déjà que dans l’exemple précédent[1]. En E, commence l’escalier de bois qui, passant à travers un des arcs de l’hexagone, montait du quatrième étage au niveau du plancher supérieur, très-solidement construit pour recevoir la charge d’une provision de projectiles.

Cette construction est merveilleusement exécutée en assises de 40 à 50 centimètres, et n’a subi aucune altération, malgré le chevauchement des piles. Le talus extérieur descend à 8 mètres en contre-bas du niveau K, sol de la cour. Une élévation extérieure prise en B (voy. le plan), fig. 12, complète notre description. Les hourds sont supposés placés sur une moitié des corbeaux.

Ces défenses du château de Coucy sont construites au sommet d’un escarpement ; leur effet ne devait s’exercer, par conséquent, que suivant un rayon peu étendu, lorsque l’assaillant cherchait à se loger au pied même des murs.

Les meurtrières, percées à chaque étage, sont plutôt faites pour se rendre compte des mouvements de l’ennemi que pour tirer. Il s’agissait ici d’opposer aux attaques un obstacle formidable par son élévation et par la défense du couronnement. Sur trois côtés, en effet, le château de Coucy ne laisse entre ses murs et la crête du coteau qu’une largeur de quelques mètres, un chemin de ronde extérieur qui lui-même pouvait être défendu. Un très-large fossé et le gros donjon protègent le quatrième côté[2]. Il n’était besoin que d’une défense rapprochée et presque verticale. Mais la situation des lieux obligeait souvent, alors comme aujourd’hui, de suppléer à l’obstacle naturel d’un escarpement par un champ de tir aussi étendu que possible, horizontalement, afin de gêner les approches. Cette condition est remplie habituellement au moyen d’ouvrages bas, d’enceintes extérieures flanquées, dominées par le commandement des ouvrages intérieurs. L’enceinte si complète de Carcassonne nous fournit, à cet égard, des dispositions d’un grand intérêt. On sait que la cité de Carcassonne est protégée par une double enceinte : celle extérieure n’ayant qu’un commandement peu considérable ; celle intérieure, au contraire, dominant et cette enceinte extérieure et la campagne[3]. Or, l’enceinte extérieure, bâtie vers le milieu

  1. La partie supérieure du crénelage, détruite aujourd’hui, est restaurée à l’aide des gravures de du Cerceau et de Châtillon.
  2. Voyez Château.
  3. Voyez Architecture Militaire, fig. 11, et Siége, fig. 2.