Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 5.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[ CUISSOT ]
— 306 —

car jamais en ce pays les exagérations admises dans les armures anglaises et allemandes surtout, ne furent en honneur. Il est évident que l’on cherchait toujours chez nous à laisser aux mouvements du corps la plus grande liberté possible.


CUIRASSE, s. f. (curasse). Le mot cuirasse n’est adopté que vers la fin de l’époque du moyen âge, et ne s’applique habituellement alors qu’à l’habillement du torse pendant les joutes. La cuirasse faite de deux pièces, l’une pour le devant (le plastron), l’autre pour garantir le dos (la dossière), ne date que de la fin du xve siècle. Il est rare, avant cette époque, de voir des cuirasses composées seulement de ces deux pièces. Celles de cette sorte que présentent des vignettes de manuscrits sont des corsets ou surcots de fer (voy. Surcot), ou ce qu’on appelait au xve siècle des curasses closes. Généralement, jusqu’à la fin du xve siècle, les cuirasses de guerre se composaient d’un assez grand nombre de pièces : pour le devant, du plastron, de la pansière, du voulant ou volant qui était posé sous le colletin ; pour le dos, de la dossière indépendante ou dépendante de la ceinture, et parfois des spallières fixes ou spallières doubles qui masquaient le défaut entre les spallières mobiles et la dossière.

On donnait aux brigantines le nom de curassines. Souvent une pansière et un garde-reins doublaient la curassine de la ceinture au thorax et au-dessous des omoplates. La pansière était elle-même, parfois, faite de plusieurs pièces articulées, qui prenaient alors le nom de faulx. La lame inférieure (celle qui formait ceinture) recevait les braconnières. L’ensemble de ces parties était le harnois de corps. (Voyez Armure, Braconnière, Brigantine, Harnois, Dossière et Pansière, Plastron, Spallière, Surcot.)


CUIRIE, s. f. (quirie). On désignait par ce mot, du xiie au xve siècle, les courroies, les doublures de peau, les gambisons, et toutes les parties de l’armure faites de cuir :

« L’aubert li a fausé et perchié la quirie[1]. »


CUISSOT, s. m. (cuissard, cuiseaux). Harnois de cuisses. On ne commence à adopter les cuissots que vers le milieu du xive siècle. Jusqu’alors les cuisses n’étaient protégées que par la jupe du hau-

  1. La Conqueste de Jérusalem, chant IV, vers 3183.