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[ ÉPÉE ]
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« Se m’i assallent serjaul et esquier,
« Esproverai se m’i arés mestier.
« Dreche l’amont, sus un perou le fiert,
« Ne le vit fraindre, esgriner ne ploier ;
« Mais du peron fist trenchier un quartier.
« — Brans, dist li dus, si m’ait saint Richier,
« Or ne quid mie qu’il ait millor sous ciel.
« II l’a ben terse[1], el fuerre l’embatié[2]. »


Le pommeau de l’épée renfermait ordinairement des reliques ; aussi jurait-on sur le pommeau et non sur la croix formée par les quillons, ainsi que quelques personnes l’ont supposé :


« Car l’empereres fist Joiouse[3] aporter,
« Ce est l’espiée où moult se pot fier.
« Enz el poing d’or avoit ensaielé
« Bonnes reliques don cors saint Honoré,
« Don bras saint Jorge, qui moult fait à louer,
« Et des chevox Nostre-Dame a planté[4]. »


Gaydon possède l’épée d’Olivier, Hauteclère ; et quand il a vaincu Thiébault :


« S’espée dresee contremont demanois,
« De toutes pars vit les coutiaus adrois :
« — Hé ! bonne espée, quel coutel ai en toi !
« Bien soit de l’arme cui tu fus devant moi,
« C’est d’Olivier, le chevalier cortois ![5] »


Des inscriptions étaient damasquinées en or ou en argent, soit sur la lame, soit sur la garde :


« .I. Sarrasins cuida Huon gaber ;
« A son escrin est maintenant alés,
« Si en a trait fors .1. branc d’achier Ictré,
« Vint à Huon, et se li a donné :
« — Vasal, dist il, cestui me porterés ;
« Je l’ai maint jor en mon escrin gardé.
« Hues le prent, du fuerre l’a gelé[6],

v. — 47
  1. « Essuyée. »
  2. Ogier l’Ardenois, vers 8533 et suiv. (xiiie siècle).
  3. Joiouse, Joyeuse, nom de l’épée de Charlemagne.
  4. Gaydon, vers 1305 et suiv. (xiiie siècle).
  5. Ibid, vers 1810 et suiv.
  6. « Le tire du fourreau. »