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Les Neapolitaines, Comédie. 3o1

rez aisément pour y mener la seignore, et là serez en seureté sans rien craindre. Ce sont choses, comme savez, qui se font ordinairement en ceste ville.

AUGUSTIN - C’est prudemment avisé ; puis vous avez bien veu que ma maistresse n’a pas osé me montrer tant d’estroites privautez en présence de sa fille. Il vaut mieux laisser au logis ceste jeune damoiselle. Je sçay un beau jardin près d’icy, qui est bien à mon commandement ; il ne reste que de retourner vers elle , comme je luy ay promis, et achever ceste entreprise.

CAMILLE. Je vous accompagneray jusques là, et puis je m’en iray.

AUGUSTIN. Et où voulez-vous aller ? Ne nous laissons point, je vous prie.

CAMILLE. Bien, donc... Je suis à vous à vendre et à dépendre.

SCÈNE XII.

GASTER seul.

Vrayement, j’ay laissé nostre homme bien à son aise depuis que Angélique luy a baillé ce canard à moitié . Il a esté tout un long temps assis parmy les dames à faire des comptes ; mais c’estoit plus de luy que d’autre chose, et les faisoit bien autant rire de ses sots propos qu’un autre eust fait des plus plaisans du monde. Son chant à la castillane ne dementoit point le reste, avec sa guitarre assez mal accordée. Il est vray que sa grâce accoustre tout, et y sert de saulce à gens dégoutez. Sans ce-