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criquet

sombres, une bouche rouge en arc, des bandeaux noirs et une lourde natte en diadème. Jacques admire des œillets couleur de vin, piqués à son corsage.

— Ce n’est pas possible, dit-il, ces fleurs sont naturelles !

Il se penche comme pour les respirer, si bas que son visage semble effleurer, les belles épaules un peu hautes. La dame recule imperceptiblement, sourit, baisse les yeux, puis les relève aussitôt, si grands que ses cils frisés vont toucher la ligne pure des sourcils.

— Pourquoi fait-elle cette drôle de tête ? se demande Criquet.

Puis, comme son cousin ne se décide pas à bouger, elle le tire doucement par le pan de son habit.

— Ah ! c’est toi, Criquet ? fait-il en se retournant.

— Oui, c’est moi… Je suis si contente de te voir ! Je voulais te dire : Suzanne…

Elle s’arrête. Le visage de Jacques, distrait, impatient, n’a pas changé.

— Eh bien, Suzanne ?

— Elle n’a pu venir aujourd’hui, parce que papa est malade…

— Je sais…

— On va peut-être lui faire une opération dans un mois ou deux…

— Je sais, je sais… Maman me l’a dit… j’irai demain voir mon oncle…