Aller au contenu

Page:Viollis - Criquet, 1913.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
criquet

aînée est jolie, madame, un vrai Greuze… Quant à la seconde, elle doit être bien intelligente ! » Ou bien : « C’est un vrai petit diable ! » Non, non, je suis vilaine à voir, je n’ai rien d’une fille. Les autres sont toujours pomponnées, avec des cheveux frisés, des figures roses, des mains propres… Elles me dégoûtent ! Et moi, regarde un peu…

Elle fit quelques pas à reculons, et s’offrit à l’examen de son père, les bras en croix.

— Le fait est… constata celui-ci, une lueur au coin de l’œil.

— Tu vois bien ! D’abord, je ne m’entends qu’avec les garçons : c’est sale, c’est brute, ça hurle, ça cogne, J’aime ça…

— Tu n’es pas difficile !

M. Dayrolles rit. Criquet s’arrêta, les traits contractés. Elle vit, entre deux nuées grises qui s’enfuyaient, le cercle blanchi de la lune et reprit gravement :

— Ce sont des bêtises ? Bon ! Mais il y a d’autres choses, plus sérieuses : il y a la couture, — la moitié de la vie d’une femme, comme dit tante Éléonore… Eh bien, papa…

Et Criquet fit un geste tragique :

— Eh bien, la couture, ce n’est pas ma faute, — j’ai vraiment essayé, deux ou trois fois au moins, — je sais que je n’arriverai jamais à m’y débrouiller !

» Il y a encore le piano, avec ses grandes dents