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Page:Viollis - Le secret de la reine Christine, 1944.djvu/100

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LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

— Si vous ne m’épousez pas sur l’heure, Christine, je vole en Allemagne et m’y fais occire ! s’écrie-t-il d’une lourde voix à l’accent tudesque.

Christine n’a jamais tant ri. Mais le rire lui-même peut être dangereux. D’ailleurs Magnus ne chante-t-il pas, en s’accompagnant de la viole, des chansons d’amour de France et d’Espagne qui s’en vont chercher le fond du cœur ?

Elle revit par la pensée ces quinze jours qui lui semblent un siècle. Chaque souvenir lui en est un trésor. Mais pourquoi ce trouble, cette angoisse, cette singulière oppression ? Décidément, ce vin français est un traître !

— Je n’attendrai pas le feu d’artifice, déclare-t-elle tout à coup, je me sens lasse. N’oubliez pas, Monsieur de la Gardie, que demain, à l’aube, nous partons pour chasser l’ours, et bonsoir !

Christine est amoureuse. Elle ne le sait pas encore. Mais Magnus, lui, expert dans l’art de l’amour, ne l’ignore plus.