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Page:Viollis - Le secret de la reine Christine, 1944.djvu/174

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le secret de la reine christine

— Vous êtes témoin, mon Père, que j’ai donné à ce traître tout le temps qu’il a voulu pour se justifier, et que je ne cède à aucun mouvement inconsidéré. Puis elle ajouta du ton du juge qui articule une sentence :

— Maintenant, je me retire et vous laisse cet homme ; disposez-le à la mort et prenez grand soin de son âme !

— À la mort, Madame ? s’écria le Prieur épouvanté, tandis que Monaldeschi se tordait les bras en gémissant. Y pensez-vous ?

— Je ne pense qu’à cela depuis deux jours, mon Père, et c’est en mon âme et conscience que je l’ai jugé, répondit doucement Christine.

— Qui donc a le droit de juger, sinon Dieu, notre père céleste… ? Vous êtes femme, Madame, avec un tendre cœur de femme. Ayez pitié de ce malheureux !

— C’est justement mon cœur de femme qui l’a condamné, mon Père. Ce misérable est cent fois plus criminel que les bandits attachés à la roue. Et il le sait. C’est de sa conscience que je le sauve car elle deviendrait son bourreau… Et c’est à Dieu, par votre entremise, à lui pardonner, mon Père.

Sans un regard en arrière, elle quitta la galerie et passa dans le salon voisin.

En même temps, les trois gardes tirèrent leur épée, mouvement qui équivalait à la hache levée de l’exécuteur, et se rapprochèrent de Monaldeschi.

Celui-ci se jeta dans les bras de l’un d’entre eux qui avait été son ami :

— Intercède pour moi ! conjura-t-il.

Celui-ci accepta, mais revint presque aussitôt.

— La reine m’a durement congédié, fit-il, en m’enjoignant d’en finir. Allons, marquis ! songe à ton âme puisqu’il te faut mourir !

Mais le condamné se cramponnait à la vie. Voyant la pitié peinte sur le visage du prieur, il se traîna à ses pieds en l’adjurant d’intercéder une fois encore auprès de la reine, tandis que les sbires lui piquant les reins de la pointe de l’épée, le pressaient de se confesser.

Le bon moine, plus mort que vif, y consentit et se rendit chez la