Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/46

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vante. Cependant le dieu frappe d’un trait enflammé ou l’Athos ou le Rhodope, ou les monts Cérauniens. La fureur des vents redouble ; la pluie tombe à torrents ; les forêts mugissent, et la rive au loin gémit.

Appréhende le retour de tels désastres ; observe le cours des mois et les signes du ciel qui les amènent. Sache de quel côté se retire la froide étoile de Saturne, et dans quels cercles tournent les feux errants de Mercure.

Surtout honore les dieux, et, chaque année, quand l’hiver touche à son déclin, et que déjà le printemps a de beaux jours, offre à Cérès, sur le riant gazon, des sacrifices solennels. Alors les agneaux sont gras, les vins sont moins rudes ; alors les coteaux, parés d’un ombrage plus épais, invitent à un doux sommeil. Que toute la jeunesse champêtre se joigne à toi pour adorer Cérès : fais-lui toi —même, avec du miel, du lait, du vin pur délayés ensemble, les libations qu’elle aime ; que la victime, sur qui reposent tant, d’espérances, soit promenée trois fois autour de la moisson nouvelle ; que tes compagnons, formant un chœur, la suivent en triomphe ; que vos vœux appellent à grands cris Cérès dans vos demeures ; que personne enfin ne mette la faucille dans les blés mûrs avant que, le front ceint d’un