Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/50

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feuille tombée de l’arbre, et des plumes nager en tournoyant à la surface de l’eau.

Mais si des éclairs partent du côté du nord orageux ; si la foudre gronde vers les régions d’Eurus et de Zéphyre, les torrents de pluie inondent les campagnes, et, sur les mers, le matelot se hâte de ployer ses voiles humides. Jamais l’orage ne surprit les moins attentifs : la grue, à son approche, s’élève du fond des vallées et s’enfuit ; la génisse, levant la tête et regardant le ciel, ouvre au souffle des airs ses larges naseaux ; l’hirondelle à la voix perçante vole sur les bords du lac, et la grenouille, dans la vase de ses marais, coasse sa plainte éternelle. Souventla fourmi, cheminant par d’étroits sentiers, emporte ses œufs et abandonne sa demeure souterraine ; l’arc-en-ciel plonge dans les eaux dont il s’abreuve, et de noires légions de corbeaux, revenant de la pâture, font retentir les airs du battement de leurs ailes. Tu verras aussi tous les divers oiseaux des mers, et ceux qui paissent dans les prairies du Caystre, sur les bords délicieux du lac Asia, tantôt humecter leur plumage d’abondantes rosées, tantôt offrir leur tête au flot écumant, tantôt s’élancer vers les ondes, et, tressaillant dans l’attente de l’orage, ne