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Géorgiques. Livre I.

alboscere a tergo;
sæpe paleam levem
et frondes caducas volitare,
aut plumas nantes
colludere in summa aqua.

At quum fulminat
de parte trucis Boreæ,
et quum domus
Eurique Zephyrique tonat,
omnia rura natant
fossis plenis,
atque ponto omnis navita
legit vela humida.
Nunquam imber obfuit
imprudentibus:
aut grues aeriæ
fugere illum surgentem
imis vallibus;
aut bucula,
suspiciens cælum,
captavit auras
patulis naribus;
aut hirundo arguta
volitavit circum lacus;
et in limo ranæ
cecinere veterem querelam.
Sæpius et formica
terens iter angustum
extulit ova
tectis penetralibus;
et ingens arcus bibit ;
et decedens e pastu
magno agmine
exercitus corvorum
increpuit
alis densis.
Jam videas
varias volucres pelagi,
et quæ rimantur circum
prata Asia
in stagnis dulcibus Caystri,
infundere certatim humeris
largos rores,
nunc objectare caput
fretis,
nunc currere in undas,
et gestire incassum

blanchir (briller) en se détachant de leur dos;
souvent tu verras la paille légère
et les feuilles tombées voltiger,
ou des plumes nageant
se-jouer à la-surface-de l’eau.

Mais lorsque la-foudre-tombe
du côté du terrible Borée,
et lorsque la demeure
et d’Eurus et de Zéphyre tonne,
toutes les campagnes nagent (sont inondées)
par les canaux remplis,
et sur mer tout navigateur
rassemble ses voiles humides.
Jamais la pluie ne s’est présentée
aux laboureurs ne-prévoyant-pas (à l’improviste):
ou les grues aériennes
ont fui elle qui-s’élève
du-fond des vallées;
ou la génisse,
regardant le ciel,
a saisi (senti) les airs
de ses larges narines;
ou l’hirondelle à-la-voix-perçante
a volé autour des lacs;
et dans la vase les grenouilles
ont chanté leur vieille plainte.
Plus souvent (souvent) aussi la fourmi
qui-use (pratique) une route étroite
a sorti ses œufs
de sa demeure retirée;
et le grand arc boit (pompe les eaux);
et se-retirant de la pâture
en grande troupe
l’armée des corbeaux
a fait-du-bruit
de ses ailes fréquentes (souvent frappées).
Déjà tu pourrais-voir
les divers oiseaux de la mer,
et ceux-qui fouillent tout-autour
les prairies du-lac-Asia
dans les étangs doux du Caystre,
répandre à-l’envi sur leurs épaules (ailes)
d’abondantes rosées,
tantôt présenter leur tête
aux détroits (aux flots),
tantôt courir vers les ondes,
et tressaillir vainement