Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/52

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pouvoir contenter à leur gré leur désir de se baigner. Cependant la sinistre corneille appelle aussi la pluie à grands cris et se promène, seule et recueillie, sur le sable de la grève ; enfin les jeunes filles elles-mêmes, filant à la lueur de la lampe nocturne, savent présager la tempête, quand, autour de la mèche en feu qui pétille, elles voient se former de noirs flocons de mousse consumée.

Il ne te sera pas moins facile, durant la pluie, de prévoir, par des signes certains, le retour du soleil et des jours sereins : ils s’annoncent par l’éclat vif et brillant des étoiles et par celui de la Lune, qui semble alors ne plus emprunter à son frère la pureté de ses feux étincelants. On ne voit plus flotter dans les airs, pareilles à de légers flocons de neige, les nuées transparentes. Les alcyons, si chers à Thétis, n’étalent plus leurs ailes au soleil sur le rivage, et le porc immonde cesse d’éparpiller la paille qu’on délie devant lui. Les nuées s’abaissent insensiblement et retombent sur les plaines ; et la chouette, sur le faîte des toits, où elle attend le coucher du soleil, ne traîne plus son lugubre chant du soir Soudain Nisus plane au haut des airs transparents, et Scylla va recevoir sa peine pour avoir ravi à sa tête le cheveu fatal. De quelque côté qu’elle fuie, en fendant de ses ailes l’éther léger, l’implacable Nisus la poursuit d’un vol bruyant