Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/58

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Tithon, montre un visage pâle et décoloré, hélas ! quelle horrible grêle va se précipiter, serrée et retentissante, sur ton toit, et que le pampre défendra faiblement contre ses coups tes raisins déjà mûrs !

Mais tu dois, plus attentivement encore, observer le soleil à l’heure où, après avoir parcouru sa carrière, il est sur le point de quitter les cieux. Souvent alors il peint son front de mille couleurs changeantes. Les taches d’un sombre azur t’annoncent la pluie ; le pourpre enflammé, le vent ; mais si le rouge et le bleu se mêlent et se confondent, la pluie et les vents réunis feront à l’envi d’affreux ravages. Que personne, en cette nuit horrible, ne me propose de couper le câble qui me retient au rivage et d’aller affronter les périls de la mer. Si, au contraire, en nous ramenant ou en nous retirant le jour, son orbe se montre clair et radieux, les nuages ne te feront que de vaines menaces, et, sous un ciel pur, l’Aquilon seul balancera la cime des forêts. C’est le soleil enfin qui t’apprendra ce que l’étoile du soir te réserve pour le lendemain, quel vent amène les nuées pures et sereines, et quels ravages prépare l’humide Auster. Qui oserait accuser le soleil d’imposture, lui qui nous annonce souvent les com-