Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 2.djvu/22

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parlerai-je de cette délicate et précieuse toison que les Sères détachent de la feuille de leurs arbres ; de ces grands bois que voit s’élever sur ses plages l’Inde, voisine de l’Océan et dernière limite de l’univers ? Nulle flèche n’arrive à la hauteur où les arbres de ces bois balancent leur tête altière, et pourtant la main de l’Indien n’est pas inhabile à décocher le trait. La Médie produit une pomme bienfaisante dont les sucs sont amers et la saveur persistante. C’est le plus puissant de tous les remèdes pour chasser des veines de l’enfant le poison que la marâtre y a fait couler, quand elle lui a fait boire la mort dans un breuvage, en prononçant des paroles magiques. L’arbre est très-élevé et tout à fait semblable au laurier ; s’il ne répandait au loin une odeur différente, on le prendrait pour le laurier même. Sa feuille résiste à tous les efforts des vents, et sa fleur adhère fortement à la tige. Les Mèdes en prennent dans la bouche pour corriger le vice de l’haleine, et l’emploient pour soulager les vieillards dont la respiration est difficile.

Mais ni les riches forêts du Mède, ni les rives enchantées du Gange, ni l’Hermus qui roule un sable d’or, ni la Bactriane, ni l’Inde, ni la Panchaïe tout entière, dont les plaines produisent l’en-