Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 2.djvu/30

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nous offrons aux immortels, dans de larges et profonds bassins, les entrailles fumantes des victimes.

Mais si tu préfères le soin des troupeaux, si tu veux élever de jeunes taureaux, des agneaux et des chèvres, fléau des terres cultivées, va dans les bois, dans les riches et lointains pâturages de Tarente ; va dans les champs qu’a perdus ma chère et infortunée Mantoue, sur ces rives du Mincio qui nourrit, dans ses gras herbages, des cygnes blancs comme la neige. Là ne manquent aux troupeaux ni les sources limpides, ni le frais et vert gazon ; et autant ils en brouteront durant le plus long jour, autant en fera renaître la rosée de la-plus courte nuit.

Les terres noirâtres, grasses sous le tranchant du soc, naturellement friables, qualités que la culture parvient à leur donner, sont excellentes pour le froment : d’aucun autre champ tu ne verras revenir à la grange, au pas lent des jeunes taureaux, plus de chars gémissant sous le poids des récoltes. Tel est encore ce terrain où le laboureur a porté la cognée, abattant d’une main irritée les forêts séculaires si longtemps inutiles, et renversant sans pitié les antiques demeures des oiseaux, qui, chassés de leurs nids désolés, s’envolent dans les airs. Ces terrains incultes, remués par le soc, donnent à présent de brillantes moissons.