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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/57

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chabertes et les franquettes, jusqu’à ce que le meunier vint les acheter pour en extraire l’huile fauve.

Mad, les vieux noyers du parc sont morts, la foudre a étêté leurs cimiers touffus ; ils craquent sous la bise. Les piverts promènent la lame de leur langue dans les flancs béants. Mais la moisson neuve frissonne en nos cœurs sempervirides, et peut-être qu’au passage de nos corps enlacés, les branches desséchées reverdiront, comme le rameau de Tannhäuser, au souvenir d’Elisabeth ; comme dans le jardin de légende, les fleurs inclinées par le vent d’automne, au souffle embaumé de Joyselle.


Restait une seule porte délabrée. Comprenant que c’était là, vous avez fait sauter le verrou et levé le loquet. L’instant était extraordinaire. Nous venions de traverser le matin de ma vie et nous allions pénétrer la forêt bruissante de ma pensée. Derrière nous folâtrait mon enfance ; de cette chambre,