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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/58

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nous devions encore entendre son rire frais, à travers les visions d’avenir et le songe plus hautain de mon intelligence. Votre cicerone s’était tu, abandonné au fil de sa propre suggestion, en proie à la hantise des fantômes du passé. Sous les fleurs de votre robe en zéphir Pompadour vos petits seins sautaient comme les chevreaux de la Sulamite, et la gerbe de lilas, sommeillant entre vos bras nus, se reflétait sur vos lèvres et vos joues.

Vous êtes entrée comme vole un oiseau et tout de suite, sans vous laisser distraire par aucun désordre, vous avez sautillé jusqu’à la balustrade en fer de la baie entr’ouverte. D’instinct votre œil a cherché sa sécurité vers la maison de votre grand-père, tapie dans un bouquet de peupliers, là-bas, au bout de la plaine ; puis confiant s’est reposé sur les carrés de labours, au pied des coteaux fertiles, sur les pentes des collines parsemées de taches vertes et mordorées, sur les crêtes aiguës des Alpes violâtres.

Oh ! toute philosophie de ce double re-