Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/59

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gard ! de quelle profonde sagesse il étincelle ! Votre premier geste est un salut à votre race ; le second, un hymne enthousiaste à la nature. Ces deux actes consomment l’harmonie de vos transports, l’unité de cet être frêle que vous habitez, vierge, et régi par un déterminisme si perfectionné par des siècles de tradition que, spontanément, sans savoir, vous vous projetez avec véhémence vers les deux plus essentielles certitudes humaines.

Ayant ainsi assuré votre dévotion, vous êtes revenue au centre de la pièce et vous avez jeté sur ma table de travail, avec un gracieux abandon de tout vous, les lilas cueillis au bord de la pièce d’eau. Cette offrande avait le parfum de votre âme. Ne pouvant encore permettre que je goûtasse à votre chair, vous teniez, par une pudeur coquette, à me satisfaire avec cette gerbe amoureusement pressée contre votre poitrine.

« Ma tête et mes sens vous ai-je dit, ont élu ce lieu comme le plus apte à couver ma conscience. Une douce chaleur, qui me vient