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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/72

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cri d’adieu des paons sur les branches des cèdres, dans le soir qui tombe ; cela, c’était toute la paix qui étreint deux cœurs d’enfants et qui défend aux fiévreuses pensées d’approcher. Mad, absolvez-moi d’avoir oublié une heure que nous nous sommes aimés depuis toujours.


Tout le malheur est venu de la mort de mon père, ou plutôt de Dieu qui ôta trop tôt à mes jeunes ans leur tuteur. Un père ressemble au robuste tilleul qui se dresse devant la maison grande ouverte, les soirs de juin, et au pied duquel on écoute sans rien dire l’approche du mystère de la nuit.

Le mien était un grave camarade qui ne dédaignait pas le sourire, ni d’ébranler le roc de sa voix sonore, à la seule fin de taquiner l’écho. Sa puissante main abritait ma sécurité. J’aimais lui abandonner mon poignet, pour qu’elle m’élevât brusquement au-dessus d’un ruisseau caché sous les racines du saule. Lorsque nous descendions en cou-