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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/74

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une heure il serait trop tard. — Ce cheval est très fatigué ; faisons-le trotter sec, autrement il butera. »

Vous m’appreniez non plus à voir, mais à regarder, à donner un sens à chacune des formes que revêt la vie, à nommer les objets de ma contemplation curieuse. La nature vous était familière, aussi vous plaisait-il d’accroître d’abord les sujets de mes étonnements, pour les réduire ensuite à ce que vous appeliez des phénomènes naturels.

Vous me sembliez un fameux trappeur. Le soir, nous nous glissions à travers les buissons, comme à travers les hautes lianes des forêts vierges. Il s’agissait de capturer les hôtes de la nuit. On retenait son souffle. On ne percevait qu’un immense silence venu de très loin et, tout au fond de cette solitude, le choc précipité de nos artères. Mais l’ombre est pleine de mouvements. Bientôt l’obscurité remuait toute.

On entend des heurts, des envols subits, des craquements douloureux. Une minute