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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/166

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À ceux-ci cloisonnés en d’intimes douleurs
Leurs angoisses sans cris ! leurs navrances ! et leurs
Renoncements muets à ceux-là qui sourient
D’avoir détruit le nid sacré des rêveries,
Pour capter, insensés, l’existence en leurs mains,
Et de s’être arrêtés quelque soir en chemin,
Pour regarder s’enfuir vers le Château des Ombres
Leur vivante durée et son continu sombre !



Et ces chagrins à fleur de peau, presque charnels,
Qui répandus sur tous demeurent personnels ;
Ce besoin de baisers surgis selon nous-mêmes
En d’autres comme nous qui sans savoir nous aiment ;
Ces chaque diamants que l’amour a dissous
Dans le vinaigre de nos cœurs
Dans le vinaigre de nos cœurs les sentons-nous ?


Il faut sentir ; il faut dilater noire vie ;
Que l’univers soit inversible et qu’il dévie
Vers nos transports au point d’y tenir tout entier.
Gagnons les grands bassins, entrons dans les chantiers ;
Que nos êtres les uns sur les autres s’ajustent,