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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/167

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Et qu’ils forment un flanc de carène robuste,
Capable de frôler tous les flots d’océans,
Et de blottir en soi chaque heu d’ouragan.
Éperdument cinglons les havres chimériques,
Orientés vers de nouvelles Amériques,
Et soupirant après d’autres Alléghanys,
Larguons nos sens pour atterrir dans l’Infini.



Il faut sentir, il faut s’agrafer chaque arôme,
Tout ainsi qu’Épicure accrochait ses atomes.
Il faut être ces sons langoureux et charmants ;
Il faut être la nuit, être ces soirs vraiment.
Vivons en une fois la vie universelle,
Celle qui sourd de l’âme des cailloux et celle
Dont le foyer nous éblouit de ses rayons ;
Affirmons-nous, réalisons nos jours, soyons,
Jusqu’à filtrer la transpiration féconde
Du Juste aux Oliviers qui a sué le monde.
La vie indifférente ou triste, la vêtir
De sentiments ; aimons vivre pour mieux sentir.
Être escient des choses qui dans l’ombre émanent !
Rentrer en soi ! sentir sécréter ses organes !
Et clore en sa poitrine, à ce point affectif,
La palpitation d’un cœur écorché vif !