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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/168

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Il faut être surtout les douleurs de nos frères,
Leurs désespoirs aigus, tous ces maux séculaires
Qui injectés font sangloter comme un enfant
L’homme, centre nerveux de nos membres souffrants.
Car chaque geste inconscient qui nous enlace
Accuse notre type et résume la race.
Un peu de nous circule en tous, et dans chacun
Sont charriés les caillots noirs d’un sang commun.
En toi mon pouls éclate et tes veines m’arrosent,
Et j’ai communié ton sort par endosmose.



Et donc c’est notre faute, et notre faute si,
Surabondants de chairs et par l’âge durcis,
Malgré ces liens spirituels qui nous fiancent,
Nous restons sourds aux gazouillis des ambiances.
Car le juste qui voit du psychique en tout lieu,
Titube d’idéal et s’enivre de Dieu,
Ayant posé sa tente aux fontaines de grâce.
C’est pourquoi je le crie au fin fond de l’espace :
Anathème sur ceux, pharisiens impurs,
Qui n’auront point vêtu leur nudité d’azur ;
Ayant répudié les étoiles sereines,
Ils languiront l’éternité dans la géhenne.
Et ceux-ci tous, ayant des yeux, qui n’auront vu