C’est extraordinaire. Il y a donc deux mesdames Paumelle dans la même rue.
Oui, et qui s’ignorent, et qui habitent peut-être face à face.
C’est inouï !
Eh bien, madame, si un auteur dramatique s’était servi de ce stratagème pour vous faire apparaître ici, et, à ce moment, on eût crié à l’invraisemblance.
On aurait eu raison. Ce n’est pourtant que la simple vérité.
À quel fruitier as-tu demandé le renseignement ?
À celui du coin de la rue de l’Arbalète et de la rue Lagarde.
C’est un comble. Nous ne nous servons chez lui que depuis trois jours.
C’est miraculeux.
Oui. Et, figurez-vous, madame, qu’on me demandait un canon.
Un canon !
(Elle pète. Moment de stupeur et de gêne. On croit avoir mal entendu. Ida rougit jusqu’au front. Esther ne peut réprimer un éclat de rire. Sa mère l’attire à elle et la calme. Victor ne bronche pas.)