mains. Graduellement les rires s’arrêtent. On attendra que ceux de la salle s’arrêtent aussi pour continuer la scène.)
Pourtant, je suis belle, je suis aimée, et je suis riche. J’ai quinze immeubles à Paris, un château dans le Périgord, une villa à Cannes. J’ai quatre automobiles, un yacht, des diamants, des perles, des enfants. J’ai un mari, le banquier Théodore Mortemart, et personne n’a rien à m’envier, sauf le pétomane de l’Eldorado.
(Elle pète. Les rires se font de plus en plus rares. Ida se replonge la tête dans les mains. Un long silence.)
Je vous demande de m’excuser, et aussi la permission de me retirer.
Non, non, ne partez pas, madame.
Ne pars pas encore, reste avec nous. Nous fêtons les neuf ans de mon fils. Reste, je t’en prie. Toutes les boutiques sont fermées à présent, toutes les portes, et tu ne trouveras pas l’autre adresse.
Je vous ai dérangés, vous étiez heureux. Je suis arrivée là comme une intruse. La bonne aurait dû m’accompagner. Quelle triste et pénible apparition.
Au contraire, madame, avant votre arrivée nous étions bouleversés. Tenez, voyez ! il y a des vases en morceaux, des couteaux sur la cheminée, des meubles désordonnés qui trahissent des luttes dont, après tout, nous ne saurons jamais les causes. Nous parlions de tout faire sauter.
Mais, ne peut-on rien faire pour vous guérir de ces… de ces… enfin de cette chose ?