Page:Vivekananda - Râja-yoga, 1910.djvu/35

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perdu la faculté d’observer ce mécanisme intérieur, C’est une rude besogne que d’enchaîner notre pensée, de l’empêcher de se détourner, puis de la concentrer toute sur elle-même afin qu’elle connaisse sa propre nature, afin qu’elle s’analyse elle-même. C’est pourtant là le seul moyen d’aborder scientifiquement un sujet.

Cette science dont nous parlons, à quoi sert-elle ? D’abord le savoir est en lui-même la plus belle récompense du savoir ; il a aussi son utilité : il nous affranchit de toute misère. Pour l’homme qui, par l’analyse de sa propre intelligence, se trouve face à face avec quelque chose d’impérissable, de naturellement et éternellement pur et parfait, — finie sa misère, fini son malheur. Toute misère naît soit de la peur, soit d’un désir inassouvi. Que l’homme se convainque qu’il ne mourra jamais, il n’aura plus peur de la mort. Qu’il se sache parfait, il n’aura plus de vains désirs ; supprimez ces deux causes, vous tuez la misère ; vous créez le bonheur parfait, même pendant notre existence actuelle.

Pour conquérir ce savoir il n’existe qu’une méthode : la concentration. Le chimiste dans son laboratoire concentre toutes les forces de son intelligence en un foyer ; il en enveloppe les matières qu’il analyse et surprend ainsi leurs