Page:Vivien - Évocations, 1903.djvu/101

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La sagesse et la paix des arbres sont en elle.
L’hiver l’ensevelit, l’été la renouvelle.

Vierge, elle aime d’amour la neige sur les bois,
Et le chant des oiseaux ruisselle dans sa voix.
Ses yeux verts ont gardé la fraîcheur des feuillages.

Sa grave solitude ignore les visages.
Les arbres seuls ont appris ses rêves fervents.

Par les terribles nuits où s’acharnent les vents,
Son être se déchire en des clameurs hautaines,
Tordu comme le corps tourmenté des grands chênes
Que brise aveuglément le souffle des hivers,
Et ses regards d’effroi reflètent les éclairs.
D’incohérents sanglots et d’étranges paroles
Se heurtent, sourdement, entre ses lèvres folles,
Les cris de l’ouragan se mêlent à ses cris.

La foule écoute, avec des regards assombris,
La pâle Prophétesse aux colères divines.