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dans un coin de violettes

qui la peuplaient de leurs éternelles méditations et de leurs hiératiques extases.

Les plis venus de Londres ou de Hollande s’accompagnaient de recommandations et de réflexions où de l’inquiétude et de la confiance, de la bonne humeur et de la souffrance s’exprimaient tour à tour.

J’en citerai quelques fragments :

« Je vous envoie des vers et de la prose, les deux me sont également précieux. Je me confie à vous pour avoir grand soin d’eux… »

« Je vous envoie ces vers avec la même naïve confiance dans le hasard qu’avaient les poètes Japonais abandonnant au gré du courant leur poème soigneusement placé dans une feuille de nénuphar… »

« Je vous envoie encore un poème achevé, car si mes souffrances physiques augmentent ma verve littéraire ne tarit pas, tout au contraire, comme vous le verrez à votre grande damnation sur la terre. Mais que vos efforts vous méritent, plus tard, un beau trône dans le Paradis, parmi les saints et les archanges… »

« Cette abondance littéraire me cause un dégoût profond ! mais je n’y peux rien. Espérons que bientôt adviendra une période bénie de sécheresse ! Enfin voici toujours des vers, puisqu’on ne peut vivre sans être illogique. »

Ce dernier billet écrit au crayon et daté du Savoy Hôtel de Londres (4 septembre 1909) se terminait par ce post-scriptum.

« Si ce n’est pas de la « bonne ouvrage », comme disent les couturières, vous me le direz n’est-ce pas ? J’ai tellement peur du ridicule. Et cette surabondance en est un, hélas ! — Je suis un peu malade et ne peux sortir (toujours cet estomac !) et toute l’énergie qui me reste se concentre en choses littéraires. Pardon ! — »