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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/232

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UNE FEMME M’APPARUT…

s’interposait plus entre nous. Je pouvais reprendre ma Loreley, je pouvais aller vers elle en la suppliant de me pardonner tout le mal qu’elle m’avait fait et que je m’étais fait à moi-même à cause d’elle. Je pouvais revivre les souffrances ardentes et les haineuses voluptés dont je gardais inguérissablement l’empreinte cruelle.

… À cette évocation, il me semblait que je renaissais dans la flamme qui, jadis, avait consumé ma chair douloureuse. Cette flamme jaillissait autour de moi, magnifiquement effroyable, et je frémissais de toute l’exaltation d’une mort triomphante. Je regrettais les amertumes passées plus encore que les joies aiguës et brèves.

« Vally, » balbutiai-je, « Vally… »

L’éblouissement disparut, et mes yeux rencontrèrent de nouveau les yeux mystiquement embrumés d’Éva. Ils avaient la tristesse qui dort aux prunelles des Saintes impuissantes à soulager les douleurs agenouillées devant elles.

« Le mirage s’est dissipé, Éva. »