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UNE FEMME M’APPARUT…

Elle se leva, diaphane, à travers les demi-ténèbres grises.

« Je te laisse à tes deux anciens conseillers, au silence et à la solitude.

— N’es-tu pas mon silence, Éva ? N’es-tu pas ma solitude ? Tu vois ma pensée plus clairement que moi-même. »

Lentement, et avec une douceur infinie, elle dégagea ses mains immatérielles de mes mains acharnées à les retenir.

« Non. Ton âme solitaire doit décider de sa destinée qui ne concerne qu’elle. La solitude est le sort naturel de l’Être, qui naît seul, qui souffre seul et qui meurt seul. Aucune compassion, si brûlante et si pitoyable soit-elle, ne peut enfreindre la Loi sacrée. »

Elle disparut au fond du crépuscule, qui l’enveloppa comme un voile…

Je m’attardais à rêver obscurément. La vision d’Éva mettait dans la lumière imprécise un surnaturel reflet de verrières…

Peu à peu, l’ombre s’illuminait d’un équi-