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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/249

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UNE FEMME M’APPARUT…

rête, hésitante et stupide, devant les blocs infranchissables qui surplombent le gouffre. Mais un Géant se lève et marche en tête. Il se fraie un héroïque passage à travers les ronces et la pierre. La soif le consume et la solitude l’enfièvre… Il périt avant d’atteindre l’Autre Versant… L’irrésistible force de toutes ces faiblesses se rue alors dans la voie qu’il a tracée. On les voit fourmiller par millions, là où est mort le Géant précurseur… S’il y a vraiment en toi quelque chose de grand, fais comme lui, va vers ton Destin. Méprise le lâche bonheur, choisis la meilleure part, qui est la part des larmes.

— Je ne sais si le bonheur, infiniment rare, est inférieur à la souffrance, lot universel, » protestai-je.

« Soyons calmes et limpides, veux-tu ? Ne plongeons point ainsi jusqu’au fond des abîmes de vérité et de mensonge. La nuit me semble lasse, — lasse comme moi toute… Mais, demain, je renaîtrai avec l’aube, et je serai pour toi l’Avril au rire indécis, l’Avril dont la joie recèle