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UNE FEMME M’APPARUT…

drogyne, vigoureuse comme un éphèbe, ondoyante comme une femme. J’admirais fervemment son ardeur de Prêtresse vouée au culte des autels abandonnés. Je l’aimais de raviver les flammes des temples en ruines et d’enguirlander de roses les statues défleuries.

Le temps passait, avec ses flux et ses reflux d’heures monotones comme un bruit de vagues.

Les Pétrus ne franchirent plus le seuil du petit salon aux reflets d’iris.

« Cet homme me répugne comme une eau de rose rance, » déclara Vally. « L’attrait infini de sa femme ne peut me décider à supporter la présence de ce Levantin. Quelle pitié de voir cet être merveilleux, cette fleur, cette algue, à côté d’un pareil marchand de bazar ! »

… Ione ne venait que rarement. J’avais le cœur si heureux et si malheureux tout ensemble que je ne m’inquiétais plus de ses longs silences, ni des contractions de son front trop haut et trop large. Elle semblait vivre d’une vie intérieure que nulle pensée étrangère n’osait