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UNE FEMME M’APPARUT…

pénétrer, d’une vie intense et terrible qui lentement épuisait toutes ses forces. L’interrogation perpétuelle de son regard angoissait, autant que celui des êtres hallucinés devant l’abîme qui les engloutira.

Et je ne voyais rien de cette lutte d’une âme avec l’Inconnaissable, plus tragiquement vaine que la lutte de l’Homme avec l’Ange. Je ne voyais rien et je ne comprenais rien, car je n’appartenais plus qu’aux tourments de ce premier amour où se débattait mon être éperdu.

Cependant, j’allais parfois rendre visite à la silencieuse Ione. Je la trouvais toujours vêtue d’une robe à plis amples. C’était une robe d’un rouge sombre qui, je ne sais pourquoi, m’évoquait les soirs de Florence. Un pendentif, au dessin hiératique, composé d’un rubis pâle encadré d’or vert et terminé par une perle bizarre, était, avec une ceinture de rubis, le seul joyau qu’elle se plaisait à porter. Je passais auprès d’elle des heures taciturnes. Je n’osais lui parler de Vally. Je n’appréhendais point la cen-