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UNE FEMME M’APPARUT…

sure de cette âme dont la pureté s’ennoblissait d’une très large compréhension, mais je sentais que sa tendresse s’alarmait de mes supplices, devinés malgré mes réticences. Elle savait, comme moi et mieux que moi, combien resterait stérile mon impossible effort pour conquérir le cœur indifférent de Vally, qui ne m’aimait point et qui ne m’aimerait jamais. Elle n’ignorait point que je m’épuisais en d’inutiles souffrances, et cette idée assombrissait encore la tristesse de ses yeux ardemment bruns ainsi qu’une nuit d’automne.

La contrainte qui pesait sur nos paroles détermina entre nous un éloignement d’âme. Nous redoutions nos regards comme on redoute un aveu, et nous craignions nos silences comme des trahisons. Nous avions peur de la vérité, — nous avions peur surtout de notre ancienne franchise.

J’allai moins fréquemment la voir, puis mes visites cessèrent presque. Elle ne m’en fit point le plus léger reproche. Plus lointaine qu’une étrangère distraite, elle paraissait in-