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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/232

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« Tu n’as pas su me conquérir, » prononça Lorély, avec lenteur. « Tu n’as eu ni la force, ni la patience, ni le courage de vaincre mon repliement hostile vis-à-vis de l’être qui veut me dominer.

— Je ne l’ignore point, Lorély. Je ne formule pas le plus léger reproche, la plus légère plainte. Je te garde l’inexprimable reconnaissance de m’avoir inspiré cet amour que je n’ai point su te faire partager.

— Je t’ai dit autrefois : « Ne m’aime que juste assez pour ensoleiller mon existence. »

— Et je n’ai pas été assez sage pour t’obéir. »

Elle portait des orchidées avides comme des lèvres inassouvies. Elle les détacha et les effeuilla une à une de ses longs doigts implacables.

« Il eût fallu me plaindre d’être incapable d’une passion unique et sincère, » dit-elle, « car je ne connais rien de plus triste au monde