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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/234

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— On appartient à son avenir… J’appartiens à mon avenir… et à Éva.

— Le passé est plus vrai que l’avenir. L’avenir est l’incertitude, le passé est écrit en lettres ineffaçables. »

La voix de Lorély s’imposait, souverainement. Je lui répondis par une phrase évasive.

« Je disais à Éva, ce soir même : Je voudrais répandre sur tout l’univers un peu de la joie qui me vient de ta présence.

— Quelle joie peut égaler la douleur ? La douleur est plus forte que la joie. On peut oublier une joie, on n’oublie jamais une douleur. Je suis ta souffrance, c’est pourquoi tu ne cesseras jamais de m’aimer. La souffrance seule est vraie, et le bonheur n’est pas.

— J’ai la certitude que le bonheur est tangible, qu’il est aussi vrai que le rêve, » répondis-je. « Mais il faut lutter plus âprement encore pour le garder que pour le conquérir.