Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

front trop large et trop haut écrasait tout ce pensif visage, hypnotisant les regards et faisant presque oublier les yeux bruns vastes comme le soir, et la bouche tendre.

Ainsi qu’une moniale, Ione marchait les paupières baissées. Il flottait autour d’elle un parfum de solitude. Sa voix et ses gestes étaient d’une religieuse douceur.

Elle portait entre ses doigts des violettes douloureuses. Elle aimait les violettes entre toutes les fleurs, pour leur grave simplicité.

« Ione, » dis-je à la mélancolique amie, « donne-moi ta tristesse. Je l’ajouterai à la mienne. »

Elle sourit, sans me répondre.

« Tu parais errer en cherchant un abri à travers ce soir de bruine, » continuai-je, me forçant à railler.

« Tu ne te trompes point. Je cherche désespérément un abri. »