Aller au contenu

Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Elle va vers la chapelle, » dit Ione. « Elle va prier. Elle croit, peut-être… »

Une parole saisissante d’un aveugle, entendue à Tunis, me revint à la mémoire :

« Donne-moi un peu d’argent, afin d’acheter de la lumière. »

À voix haute, j’achevai ma pensée.

« Tous, nous oublions que la lumière ne se vend pas. Nous sommes les aveugles… Et nous épuisons inutilement notre volonté dans l’effort de voir, au lieu de fermer les paupières et de regarder en nous-mêmes. La lumière est en nous, et non point au dehors. Nous ne verrons qu’en nous résignant à ne point voir… »

Les yeux d’Ione suivaient la femme, déjà lointaine, et qui, peu à peu, disparaissait dans la brume.

« Elle croit, peut-être…

— Et toi, Ione, ne crois-tu point ? »

Avec un lourd regret, elle hocha la tête.