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« Je n’ai point encore été conviée au festin du miracle… »

Je frissonnai.

« Ceux qui croient recèlent en eux toutes les magnificences du ciel, » dit Ione. « Qu’importe s’ils se sont trompés ? Ils ont connu le Paradis. Ils y sont entrés vivants… »

Elle refoula ses larmes. Je restai devant elle, dans mon impuissance à la soulager, à la guérir.

« Tu connais toute ma vie, » reprit-elle. « Te souviens-tu de ma détresse lorsque, au sortir de mon enfance, je perdis la foi ? Je ne me suis jamais consolée de l’avoir perdue. Parfois, il me semble que je vais mourir de ne plus croire. »

Elle s’était rapprochée de moi. Tout son être se révoltait contre l’horreur du réel, contre la laideur et la bassesse du réel.

Le crépuscule, gris et morne comme le doute, nous enveloppait, et l’indécision de l’heure était