Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/18

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gauchement disposées sur un violon de bois blanc, dégrossi à la hache ; cet instrument primitif était évidemment de la manufacture personnelle du musicien. Quand les danseuses, lasses de tourner, regagnèrent leurs bancs en esquivant les baisers sonores des cavaliers, le ménétrier continua de tourmenter son violon ; assis dans le coin, sous les saintes images, le dos tourné au public, il semblait maintenant jouer pour lui-même : cependant tous l’écoutèrent religieusement, quand, après quelques arpèges irrésolus, il entonna d’une voix chevrotante, en s’accompagnant sur la troisième corde, une chanson populaire du Volga : je la reconnus, l’ayant entendu chanter l’autre été par les bateliers du fleuve.

« Ô ma barbe, ma petite barbe, – ma barbe de castor ! – tu as blanchi, ma petite barbe, – avant l’heure, avant le temps.