Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/40

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« – Ce n’est rien, bârine. Qui a souci de l’oncle Fédia ? Il ne tient pas grand’place dans le monde de Dieu ; s’il lui arrive malheur, cela ne gênera personne. »

Jamais le colporteur n’en avait dit si long d’une haleine ; je m’en revins tout étonné, et je ne pouvais pas me persuader que ce fût un mauvais homme.

Le lendemain, j’eus un peu honte de ma naïveté quand mon père, entrant dans ma chambre, tout ému, m’apprit la nouvelle du jour :

« – Dieu merci ! s’écriait-il, je ne t’ai pas écouté. Je te félicite sur le compte de ton protégé ! »

Et il me raconta comment on avait mis le feu, dans la nuit, à la maison d’un de nos voisins de campagne, un seigneur qui menait durement les paysans et vivait mal avec eux. Mon père ne doutait pas que