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jean d’agrève.

on accepte. Il faut bien vivre la vie de tout le monde.

Il la vivait même un peu plus que tout le monde, disait la chronique des salons, fort occupée de ses liaisons notoires et de quelques passions moins apparentes. Passions violentes et brèves, où le Jean d’autrefois se retrouvait avec l’ardeur, l’inquiétude et la mobilité de sa flamme de fond, avec ce beau trésor de niaiserie, comme il l’appelait lui-même ensuite, où il puisait sans cesse de quoi dorer et adorer un instant les figurines d’argile qu’il brisait après désillusion.

Une mission à l’étranger m’éloigna de France. La retraite du Maréchal me fit croire que tout allait changer dans la vie de mon ami. Je lui écrivis pour m’informer de ses projets. Il me répondit : « Ne te mets pas en peine de moi. Porté sur le testament pour la croix, recommandé aux archevêques de la rue Royale, je me fais caser à l’état-major de la marine. Et je suis le conseil que mon excellent patron donnait à ce nègre : je continue. » La lettre de Jean me le montrait de plus en plus acclimaté dans ses fonctions de grand chef des élégances mondaines. Quelques boutades de lassitude, singulièrement âcres,