cendre des peuples et la mémoire de leur grandeur ?
À ces mots, mes yeux se remplirent de larmes, et, couvrant ma tête du pan de mon manteau, je me livrai à de sombres méditations sur les choses humaines. Ah ! malheur à l’homme ! dis-je dans ma douleur ; une aveugle fatalité se joue de sa destinée ! Une nécessité funeste régit au hasard le sort des mortels. Mais non : ce sont les décrets d’une justice céleste qui s’accomplissent ! Un Dieu mystérieux exerce ses jugements incompréhensibles ! Sans doute il a porté contre cette terre un anathème secret ; en vengeance des races passées, il a frappé de malédiction les races présentes. Oh ! qui osera sonder les profondeurs de la Divinité[1] ?
Et je demeurai immobile, absorbé dans une mélancolie profonde.
CHAPITRE III.
Le Fantôme.
Cependant un bruit frappa mon oreille, tel que l’agitation d’une robe flottante et d’une marche à pas lents sur des herbes sèches et frémissantes.
- ↑ La fatalité est le préjugé universel et enraciné des Orientaux : cela était écrit, est leur réponse à tout ; de là leur apathie et leur négligence, qui sont un obstacle radical à toute instruction et civilisation.