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Scène III.

MAHOMET, PALMIRE, OMAR, ALI, suite.
Omar.

Apprenez que mon cœur…On sait tout, Mahomet :
Hercide en expirant révéla ton secret.
Le peuple en est instruit ; la prison est forcée ;
Tout s’arme, tout s’émeut : une foule insensée,
Élevant contre toi ses hurlements affreux,
Porte le corps sanglant de son chef malheureux.
Séide est à leur tête ; et, d’une voix funeste,
Les excite à venger ce déplorable reste.
Ce corps, souillé de sang, est l’horrible signal
Qui fait courir ce peuple à ce combat fatal.
Il s’écrie en pleurant : « Je suis un parricide ! »
La douleur le ranime, et la rage le guide.
Il semble respirer pour se venger de toi.
On déteste ton dieu, tes prophètes, ta loi.
Ceux même qui devaient dans la Mecque alarmée
Faire ouvrir, cette nuit, la porte à ton armée,
De la fureur commune avec zèle enivrés,
Viennent lever sur toi leurs bras désespérés.
On n’entend que les cris de mort et de vengeance.

Palmire.

Achève, juste ciel ! et soutiens l’innocence.
Frappe.

Mahomet, à Omar.

Frappe.Eh bien ! que crains-tu ?

Omar.

Frappe. Eh bien ! que crains-tu ?Tu vois quelques amis,
Qui contre les dangers comme moi raffermis,
Mais vainement armés contre un pareil orage,
Viennent tous à tes pieds mourir avec courage.

Mahomet.

Seul je les défendrai. Rangez-vous près de moi,
Et connaissez enfin qui vous avez pour roi.