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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/292

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Scène III

Le duc de foix, Morillo


MORILLO

Ne partira point, et j’y suis résolu.

LE DUC DE FOIX

Le sang m’unit à vous, et c’est une vertu
D’aider dans leurs desseins des parents qu’on révère.

MORILLO

La nièce est mon vrai fait, quoiqu’un peu froide et fière ;
La tante fera ton affaire.
Que me conseilles— tu ?

LE DUC DE FOIX

D’être aimable, de plaire.

MORILLO

Fais-moi plaire.

LE DUC DE FOIX

Il y faut mille foins complaisants,
Les plus profonds respects, des fêtes et du temps.

MORILLO

J’ai très peu de respect, le temps est long ; les fêtes
Coûtent beaucoup ? et ne font jamais prêtes ;
C’est de l’argent perdu.

LE DUC DE FOIX

L’argent fut inventé Pour payer,
si l’on peut, l’agréable et l’utile.
Eh jamais le plaisir fut-il trop acheté ?

MORILLO

Comment t’y prendras— tu ?

LE DUC DE FOIX

La chose est très facile.
Laissez— moi partager les frais.
Il vient de venir ici près
Quelques comédiens de France,
Des Troubadours experts dans la haute science,
Dans le premier des arts, le grand art du plaisir :
Ils ne font pas dignes, peut — être,