Vos affaires ici ne tournent pas trop bien,
Et je crains tout pour vous.
J’aime et je ne crains rien ;
Mon projet avorté, quoique plein de justice,
Dut sans doute être malheureux ;
Je ne méritais pas un destin plus propice,
Mon cœur n’était point amoureux,
Je voulais d’un tyran punir la violence,
Je voulais enlever Confiance,
Pour unir nos maisons, nos noms et nos amis ;
La feule ambition fut d’abord mon partage.
Belle Confiance je vous vis,
L’amour seul arme mon courage.
Elle ne vous vit point, c’est— là votre malheur.
Vos grands projets lui firent peur ;
Et dès qu’elle en fut informée,
Sa fureur contre vous dès longtemps allumée,
En avertit toute la cour.
Il salut fuir alors.
Elle fuit à son tour.
Nos communs ennemis la rendront plus traitable.
Elle hait votre sang.
Quelle haine indomptable
Peut tenir contre tant d’amour ?
Pour un héros tout jeune et sans expérience,
Vous embrassez beaucoup de terrain à la fois :
Vous voudriez finir la mésintelligence
Du sang de Navarre et de Foix ;
Vous avez en secret avec le Roi de France,
Un chiffre de correspondance.
Contre un Roi formidable ici vous conspirez ;
Vous y risquez vos jours et ceux des conjurez.
Vos troupes vers ces lieux s’avancent à la file ;
Vous préparez la guerre au milieu des festins,
Vous bernez le Seigneur qui vous donne un asile ;
Sa fille pour combler vos singuliers dessins,