Quoi, vous ne connaissez ni mon nom, ni mon fort,
Ni mes malheurs, ni ma naissance ?
Tout cela dans mon cœur eût-il été plus fort
Qu’un moment de votre présence ?
Alamir, je vous dois ma juste confiance,
Après des services si grands.
Je fuis fille des Rois et du sang de Navarre ;
Mon fort est cruel et bizarre :
Je fuyais ici deux tyrans :
Mais vous de qui le bras protège l’innocence,
À votre tour daignez-vous découvrir.
Le sort juste une fois me fit pour vous servir ;
Et ce bonheur me tient lieu de naissance :
Quoi puis — je encor vous secourir ?
Quels font ces deux tyrans de qui la violence
Vous persécutait à la fois ?
Don Pedre est le premier ?
Je brave sa vengeance.
Mais l’autre quel est — il ?
L’autre est le Duc de Foix.
Ce Duc de Foix qu’on dit et si juste, et si tendre !
Eh que pourrai — je contre lui ?
Alamir, contre tous vous serez. mon appui ;
Il cherche à m’enlever.
Il cherche à vous défendre,
On le dit, il le doit, et tout le prouve assez.
Alamir !
Et c’est vous !
C’est vous qui l’excusez
Non, je dois le haïr si vous le haïssez.
Vous étant odieux, il doit l’être à lui — même ;
Mais comment condamner un mortel qui vous aime ?
On dit que la vertu l’a pû seule enflammer ;
S’il est ainsi, grand Dieu ? comme il doit vous aimer
On dit que devant vous il tremble de paraître,