Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/333

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CONSTANCE

C’est l’interprète de l’honneur.
Cet honneur attaqué dans le fond de mon cœur,
S’en indigne sur mon visage.
Ô ciel ! que devenir, s’il était mon vainqueur !
Je le crains, je me crains moi-même,
Je tremble de l’aimer, et je ne fais s’il m’aime.

LEONOR

Il voit que votre orgueil ferait trop offensé
Par ce mot dangereux, si charmant et si tendre
Il ne vous l’a pas prononcé,
Mais qu’il fait bien le faire entendre !

CONSTANCE

Ah ! son respect encor est un charme de plus.
Alamir ! Alamir a toutes les vertus.

LEONOR

Que lui manque-t-il donc ?

CONSTANCE

Le hasard, la naissance.
Quelle injustice ! ô ciel !.., mais sa magnificence,
Ces fêtes, cet éclat, ses étonnants exploits,
Ce grand air, ses discours, son ton même, sa voix.

LEONOR

Ajoutez-y l’amour, qui parle en sa défense.
Sans doute il est du sang des Rois..

CONSTANCE

Tout me le dit, et je le crois.
Son amour délicat voulait que je rendisse
À tant de grandeur d’âme, à ce rare service
Ce qu’ailleurs on immole à son ambition.
Ah ! si pour m’éprouver, il m’a caché son nom,
S’il n’a jamais d’autre artifice,
S’il est Prince, s il m’aime !. ciel ! que me veut-on  ?


Scène III

Constance, Léonor, Sanchette
SANCHETTE

Madame, à vos genoux, souffrez que je me jette.
Madame, protégez Sanchette ;